Abro nage en plein bonheur
Le licencié à l’ASPTT Poitiers a vécu une expérience unique chez les Cariocas. Borhane Abro était l’un des rares athlètes djiboutiens qualifiés pour les JO.
Le nageur Borhane Abro, un des quinze membres de la délégation djiboutienne à Rio…
… a passé 23 jours dans le village olympique.
Il est retourné à son anonymat. A son quotidien poitevin, plus studieux que fastueux. Depuis le début du mois, l’étudiant Borhane a délogé le nageur international Abro (21 ans). Cap sur la fac et une classe préparatoire pour grande école (licence 3) qui doit le conduire jusqu’à « un boulot dans la finance », dit d’emblée le Châtelleraudais de naissance.
“Bolta le boulard”
Le fiston détonnant – papa djiboutien et maman d’origine algérienne – n’est déjà plus un nageur. « Je n’ai pas le choix. Je dois mettre mon sport entre parenthèses durant un ou deux ans pour me consacrer aux études. J’ai la pression de mon père », sourit le fils de diplomate (à l’ambassade de Genève).
Le spécialiste du 50 m nage libre ne se la raconte pas. Il connaît ses limites et la chance de posséder un passeport Franco-Djiboutien. « J’ai un niveau interrégional. Je dois ma sélection à ma double nationalité. La natation est confidentielle à Djibouti comparé à la course de fond. » A tel point qu’il ne s’interdit pas de lorgner sur les Jeux de Tokyo en 2020, malgré une pause forcée. « D’ici deux ans, je vais me remettre à l’eau avec l’ambition de décrocher mon billet. C’est tout à fait possible. »
Borhane Abro n’a pas quitté son nuage olympique. L’un des quinze membres de la délégation djiboutienne (avec l’encadrement) en a pris plein les yeux à Rio du 2 au 25 août. « Dans le village, tous les athlètes sont logés à la même enseigne. On est tous sur un pied d’égalité. A la cantine, j’ai mangé à proximité de Parker et Karabatic. Que des mecs abordables. » Mais le plus impressionnant reste Teddy Rinner, le porte drapeau des Tricolores. « C’est une star hyper-accessible, j’ai pu échanger avec lui. Il rigole tout le temps. » Alors que Usain Bolt a déçu le nageur de l’ASPTT Poitiers. « Il a le boulard, on ne peut pas l’approcher. »
S’il a par ailleurs apprécié, pêle-mêle, l’organisation des Jeux « quoi qu’on en dise » et l’incontournable carte postale (le Corcovado, le Pain de Sucre et bien sûr la célèbre plage de Copacabana), il regrette sa « contre-performance ». « J’ai réalisé 27”14 alors que mon record sur le 50 NL se situe à 25”07. Je mets ça sur le compte de la pression. » Comme submergé par la dimension de l’événement (1). Au final, Borhane termine 5 de sa série et 74 sur 90 sur l’ensemble de la distance. L’ASPTT Poitiers n’en a pas fini avec son formidable ambassadeur. « Je suis à l’ASPTT depuis l’âge de 6 ans. C’est mon club de coeur que je ne quitterai jamais. Et puis, j’ai un entraîneur très qualifié en la personne de Stéphane Piot. »
(1) Depuis quatre ans et ses débuts internationaux, le nageur représentant Djibouti a participé à trois championnats du monde (Istambul 2012, Barcelone 2013, Kazan 2015) et aux Jeux Africains de l’année dernière (Brazaville, Congo).
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